dom49bspp
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06 Avr 2010, 07:18 |
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À l'issue des ateliers, des fiches présentant les signes nécessaires en intervention seront réalisées par les étudiantes qui ont suscité l'échange.
Ils sont pompiers ou sourds-muets et se retrouvent le vendredi soir près de Cholet. Pour faire tomber des barrières autant que pour échanger des savoirs.
Reportage
Sur le bras de Didier, le sang coule. Urgence. Eddy, pompier, voudrait bien faire comprendre à Christophe comment poser un garrot. Mais les mots lui manquent. Ou, plutôt, une langue commune. Christophe est sourd-muet et Eddy se sent désarmé, « comme en position de handicap par rapport à lui ». Incapable de lui donner quelques informations simples mais capitales.
Pas de panique, la scène est fictive. Enfin, pas tout à fait. Eddy est bien pompier. Christophe est vraiment sourd-muet. Et, avec Didier allongé à leurs côtés, ils discutent réellement de la technique de pose d'un garrot. Mais seulement dans le cadre d'un atelier, qui réunit une quinzaine de personnes, le vendredi soir au centre de secours du May-sur-Evre.
Depuis deux mois et jusqu'en mai, un groupe de sourds-muets de la région de Cholet, accompagnés par Caroline, professeur de langue des signes, y vient à la rencontre des pompiers volontaires. Pour leur enseigner des rudiments de langue des signes applicables en intervention. Et pour apprendre, en retour, les bases du secourisme.
« Personne n'est lésé »
L'initiative revient à quatre étudiantes choletaises qui voulaient donner du sens à leur projet d'étude. « C'est parti d'une histoire qu'on nous a racontée. Et qui nous a touchées, raconte Céline. Un couple de sourds-muets victime d'un accident. La femme était touchée, son mari a essayé d'alerter des gens par les gestes. Personne ne s'est arrêté, pensant qu'il était ivre. Et sa femme est décédée. » Touchés, les pompiers du May ont accepté l'idée d'un échange.
Basé sur le volontariat, il concerne environ la moitié de l'effectif, qui se passionne pour la démarche. « En tant que pompier, je ne suis jamais intervenu auprès de sourds-muets, témoigne Florian. Mais ça peut m'arriver dans cinq minutes, en sortant du centre de secours. » « Au boulot, ça peut aussi nous servir », estime un de ses collègues, qui travaille dans le commerce.
Pourtant, « au début, il y avait de la curiosité et un peu d'appréhension, se souvient Eddy. Maintenant, on se dit que c'est une chance que ce soit tombé sur nous. » Illustration de la complicité qui s'est nouée, les débriefings arrosés (avec modération), où on se chambre, en mots et en signes, à la fin des ateliers.
Les sourds-muets ne sont pas les derniers à mettre de l'ambiance : « Il n'est pas question de rester dans notre coin, assure Christophe. Parce que si on ne fait pas l'effort d'aller vers les autres... »
Sensibiliser, encore et toujours. Car même si Didier se dit « rassuré que des pompiers puissent communiquer en langue des signes », l'essentiel est ailleurs. Dans ces échanges animés entre « élèves » et « professeurs ». Dans ces fous-rires qu'on entend ou qu'on lit sur les lèvres. Dans la dimension symbolique et exemplaire, aussi, d'un tel échange. « Ce qui est important, c'est que chacun apporte quelque chose aux autres, résume un pompier. Sans cette dimension, ça aurait pu s'essouffler. Là, personne n'est lésé. »
Emeric EVAIN. |
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