Forum Pompier : le forum dédié au métier de sapeur-pompier

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Cette année encore, nos pilotes ont payé un lourd tribut. Ce prix ne sera jamais acceptable, nous le savons tous, mais il l'est encore moins lorsque l'on raconte n'importe quoi à longueur de media. Le journaleux franchouillard, l'un des plus mauvais pisse-copie au monde, nous a depuis longtemps habitué à inventer, mentir, faire comme-ci ou siffler dans le sens du vent telle la girouette stupide qu'il représente. Ainsi, nous avons pu entendre, dans nos journaux télévisés, que des "gens" s'étonnaient de la longueur de l'enquête sur le crash de nos canadair(s). Et ceci au bout de deux jours !

N'importe quel apprenti-balayeur dans un aérodrome basique vous dira qu'il faut des mois, voir des années, pour mener une enquête sur un crash. Plusieurs raisons à cela :

- cela prend un certain temps de reconstruire, boulon par boulon, un appareil totalement désagrégé.

- un crash est rarement lié à UNE cause, il est, le plus souvent, la conséquence d'évènements physiques, techniques, humains, météorologiques, etc, multiples et convergents. Autrement dit, il ne nous appartient pas, à partir d'éléments peu fiables et partiels, de déterminer une cause "en apparence globale".

Récemment, des "propriétaires" se sont permis d'intervenir dans certains media, critiquant les pompiers, portant des jugements sur l'absences de moyens aériens. Je suis plus qu'outré par ces comportements. Là où beaucoup pourraient déjà agir par simple bon sens, l'on ne trouve qu'une malsaine recherche de responsabilité parmi des gens qui déjà sacrifient beaucoup pour nous. Ces gens là pleurent leurs murs, leurs pommiers brûlés, en oubliant qu'ils exigent que des gamins, des pères de famille, des anciens, tombent pour protéger ce qui, finalement, n'est que du matériel. Aucune maison, aucune propriété, aucun domaine, aucun parc, aucune forêt ne vaudra jamais la mort d'un seul de nos pilotes, d'un seul de nos pompiers.

En cette fin d'été, c'est vers eux, aux âmes passées et aux corps présents, que vont mes pensées les plus aimables, aimantes et respectueuses.

Neault a écrit:

Récemment, des "propriétaires" se sont permis d'intervenir dans certains media, critiquant les pompiers, portant des jugements sur l'absences de moyens aériens. Je suis plus qu'outré par ces comportements. Là où beaucoup pourraient déjà agir par simple bon sens, l'on ne trouve qu'une malsaine recherche de responsabilité parmi des gens qui déjà sacrifient beaucoup pour nous. Ces gens là pleurent leurs murs, leurs pommiers brûlés, en oubliant qu'ils exigent que des gamins, des pères de famille, des anciens, tombent pour protéger ce qui, finalement, n'est que du matériel. Aucune maison, aucune propriété, aucun domaine, aucun parc, aucune forêt ne vaudra jamais la mort d'un seul de nos pilotes, d'un seul de nos pompiers.

Je suis tout à fait d'accord, j'ai vu une interview d'un homme qui se plaignait parce que sa maison avait brulé et qu' il a pas vu de pompier dans le "coin" ni de canadaire pour sauver tout ça!(c'était peu après le crash du canadair en corse). Ca m'a complètement écoeuré, les gens sont stupides et égoistes, ils ne pensent pas aux pompiers morts, à leur famille, ils ne pensent qu'a leur petit confort à eux, à leur besoins matériels, et ils s'en foutent que des pompiers y restent; ces gens là seraient presque capable de dire que personne les a forcés, c'étaient leur boulot! Oui, c'étaient leur boulot, mais si ces Hommes n'étaient pas là, qui le ferait ce boulot? le pauvre petit guignol qui voudrait sauver sa maison avec son tuyau d'arrosage?
J'en profite encore pour rendre hommage à tous ces pompiers pour le merveilleux travail qu'ils accomplissent contre les feux de forêt et qu'ils soient vivant ou décédés! Pensée à leur famille aussi qui vivent où dans l'inquiétude ou dans le chagrin!
Pour finir, les gens sont vraiment très peu reconnaissant et c'est à eux qu'on devrait mettre une tenue de pompier afin qu'ils se rendent compte de toutes les difficultés que représentent ce merveilleux métier!

Posté le: 09 Sep 2005, 20:52

Oui, il est en effet parfois très dur d'entendre des gens se plaindre lorsque l'on connaît la réalité du terrain. Car, pour les pilotes de Canadair ou de Tracker, il s'agit bien souvent de faire face à 3, 4, ou 5 feux en même temps. Et dans ces cas là, évidemment, il faut donner la priorité aux vies qui sont menacées, puis, aux habitations en grands nombres, etc. Les gens au sol, évidemment, ne s'en rendent que très rarement compte et ne comprennent pas qu'un avion ne survient pas au dessus de chez eux dès les premières flammes (sans compter évidemment la difficultés des tirs au sol lorsque sont présents sur les lieux civils et curieux).

Je dois dire que j'ai été assez écoeuré par les propos entendus à la télévision cet été (d'autant qu'il est rare que les pompiers se fassent ainsi critiquer) mais cela peut sans doute se comprendre lorsque l'on imagine que des gens perdent parfois tout dans un incendie criminel.
Il nous appartient en fait, à nous, qui connaissons le poids du sacrifice de ceux qui oeuvrent pour notre sécurité, de rétablir dans les media les faits et l'héroïsme de certains.

J'ai récemment conçu un sujet sur mon propre forum dont je me sers en cop/col parfois pour illustrer le difficile travail des pompiers du ciel, je me permets de le poster ici :

Citation:

Quelques infos sur les fameux pilotes de Canadair et de Tracker (les grands oubliés du ciel)

Tout d'abord, il est certain que nul pilote n'embrasse cette carrière de pilote/marin/pompier par appât du gain. En effet, ceux-ci, à qualification égale, sont payés 3 fois moins qu'un pilote de ligne. De plus, contrairement à ce qui se passe dans les grandes compagnies aériennes, le cumul avec la retraite militaire n'est pas possible...étrange injustice faite à ces gens qui risquent quotidiennement leur vie (oui, pas juste en été, l'hiver ils continuent évidemment de s'entraîner).

Différences entre Canadair et Tracker

Leur but est totalement différent. Les Canadair interviennent sur de gros incendies et attaquent directement les flammes, les Tracker, eux, ont un rôle préventif. Ils patrouillent avant qu'un départ de feux ne soit signalé et sont donc les premiers à intervenir (80% des feux en France sont éteints par les Tracker). De plus, ils tirent (le terme "tir" est plus souvent utilisé que celui de "largage") sur le "vert", c'est à dire la partie non brûlée du terrain, avec du produit spécial (un agent biodégradable qui agit sur la pyrolyse en la contrariant pour protéger la cellulose des végétaux, ce produit, aisément reconnaissable, est rouge vif). De plus, un Tracker n'écope pas mais fait son plein de liquide au sol.

Fausse rumeur

Nous avons tous entendu cette fameuse histoire du nageur "aspiré" par un Canadair qui se chargeait en eau dans un lac. Cette rumeur colportée par des ignorants est non seulement fausse mais impossible. En effet, lorsqu'un Canadair fait son plein d'eau (sur mer, sur lac ou étang ou encore sur de grands fleuves), il utilise pour cela 2 écopes dont les ouvertures mesurent environ 9 cm sur 13 ! Allez donc faire passer un être humain là-dedans.

Techniquement parlant

Un Canadair transporte 6000 litres d'eau (à laquelle on peut ajouter ou non un produit moussant, utilisable uniquement sur une végétation peu haute). Il fait le plein de ses réservoirs en seulement 12 secondes et écope donc une tonne d'eau toutes les 2 secondes.
Le largage, pour être efficace, s'effectue à environ 10 mètres au dessus du foyer. Ce dernier est d'ailleurs appelé "chantier" par les pilotes.
Contrairement à ce qui se passe sur les avions de lignes (ou le commandant de bord et le co-pilote pilotent à tour de rôle afin de conserver le même niveau d'expérience), le commandant de bord d'un Canadair est toujours le pilote en fonction.
Le personnel navigant du secteur Canadair est composé de 22 commandants de bord et 22 co-pilotes.
Les Canadair interviennent en général par 2, 4 ou 8. Une formation de 6 est rarement utilisée, sauf cas de panne survenue sur les autres appareils.
Un Canadair équipé en version standard vaut environ 40 millions de dollars.

L'évolution

Les Canadair sont loin d'être confortables ou parfaitement sécurisés. Non climatisés, dépourvus de pilote automatique (pourtant utile sur les trajets d'approche), ces avions laissent notamment s'infiltrer dans la cabine les fumées toxiques des feux. Pas très agréable, l'on s'en doute (il y a quelques années, sur d'anciens modèles, certaines brindilles rougeoyantes tournoyaient autour des pilotes lors des interventions).

Les feux

Les feux auxquels s'attaquent les Canadair et Tracker sont, malheureusement, dans leur grande majorité (pour ne pas dire tous) d'origine criminelle. Alors que la Croatie, la Bosnie ou l'Albanie ont le même profil météo et la même végétation que le sud de la France, les incendies y sont 25 fois moindres !!
Comble de l'horreur, ces dernières années, les pyromanes prennent soin de faire démarrer leurs feux à proximité de lignes à haute tension, rendant ainsi l'intervention des Canadair et Tracker encore plus dangereuse. Ces abrutis se rendent-ils seulement compte de l'atrocité de leurs actes ?

Hommage...

Liste des navigants disparus en service aérien.

Jean Sandoz, décédé en 1967 à Châteauneuf-les-martigues

Bernard Humbert, décédé en 1967 sur l'étang de Berre

Roger Carcasses, décédé en 1970 à Calasima

Roger Faugeron, décédé en 1970 à Calasima

Daniel Mougin, décédé en 1973 à Vignale

Jacques Fossier, décédé en 1973 à Vignale

Yves Kolher, décédé en 1983 à Marseilleveyre

Georges Bérujeau, décédé en 1983 à Marseilleveyre

Lucien Rambaud, décédé en 1985 à Fitou

Claude Dédébant, décédé en 1985 à Fitou

Jean-Loup Blanchard, décédé en 1985 à Fitou

Michel Brousse, décédé en 1985 à Gignac

Charles Daussin, décédé en 1985 à Gignac

Jean-Pierre Davenet, décédé en 1986 après avoir percuté le relief au col du Perthus

Jacques Ogier, décédé en 1986 après avoir percuté le relief au col du Perthus

Roland Denard, décédé en 1986 après avoir percuté le relief au col du Perthus

Jack Le Bel, décédé en 1986 après avoir percuté le relief au col du Perthus

Marc Favalleli, décédé en 1987 à La Roque d'Anthéron

Christian Lallement, décédé en 1989 à La Vésubie

Maurice Nogier, décédé en 1989 à la Grande Combe

Ralph Boulton, décédé en 1989 à la Grande Combe

Philippe Gallet, décédé en 1990 à Galéria

Igor Daïc, décédé en 1994 à Ajaccio

Jean-Marc Aubouy, décédé en 1996 à Corsica

Franck Duchemin, décédé en 1997 à La Ciotat

Jean Beauvais, décédé en 2004 sur le lac de Sainte-Croix

Jean-pierre Laty, décédé en 2004 sur le lac de Sainte-Croix

Ludovic Piasentin, décédé en 2005 à Calvi

Jean-Louis de Bénédict, décédé en 2005 à Calvi

Trop longue liste de pilotes que la stupidité de certains a transformé en héros. Cette suite de noms tend, si cela est possible, à mettre un nom sur ces visages brumeux que l'on ne fait qu'apercevoir chaque année à travers des media peu regardant sur le sujet. Ces gens avaient des familles, des parents, des enfants, des femmes, bref, allumer un feu, c'est avant tout supprimer des vies, faire des veuves, des orphelins, faire couler plus de larmes que d'eau !
Il y a quelques années, j'aurais dit qu'il était nécessaire de faire passer dans l'esprit des pyromanes, l'idée qu'ils s'attaquent à des familles avant tout, aujourd'hui, à la vue de certaines réactions, j'en viens à penser qu'il faut rappeler cette évidence à tous nos concitoyens.

[Source technique : Canadair, histoires authentiques de Jean-Pierre Otelli]