laure.hardouin
Nouvelle recrue

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Posté le:
06 Mai 2025, 14:05 |
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la solution
Les Services Départementaux d’Incendie et de Secours (SDIS) dépendent de systèmes de radiocommunication fiables pour assurer la coordination des secours. En France, le réseau ANTARES, puis le Réseau Radio du Futur (RRF), incarnent cette colonne vertébrale numérique. Mais que se passe-t-il en cas de panne ? Certaines voix, parfois en mal de solution, suggèrent de se tourner vers les ADRASEC, associations de radioamateurs bénévoles.
À première vue, la proposition peut paraître séduisante : des passionnés, du matériel radio, une volonté d’aider. Mais cette vision est trompeuse. Car confier la résilience d’un SDIS à une structure associative, bénévole, non encadrée et régie par un cadre juridique incompatible avec les missions de sécurité civile, ce n’est pas une solution — c’est un risque majeur.
1. Les ADRASEC : entre passion, bricolage et limites structurelles
Créées dans les années 1970, les ADRASEC (Associations Départementales des Radioamateurs au Service de la Sécurité Civile) sont regroupées au sein de la FNRASEC. Leur rôle est d’appui, limité à certaines missions non critiques : recherche de balises, participation à des exercices, ou soutien radio à des préfectures.
Mais ces interventions :
sont ponctuelles et non systématiques,
sont réalisées exclusivement sur des fréquences radioamateurs, avec les contraintes qui s’y rattachent,
ne peuvent en aucun cas se substituer à un réseau de commandement opérationnel.
Les membres, bénévoles, ne sont soumis à aucune astreinte, ni au secret professionnel, ni à une obligation de disponibilité ou de formation continue.
2. Ce que requiert réellement un SDIS en cas de rupture de réseau
Les SDIS font face à des impératifs critiques en cas de défaillance réseau :
Activation immédiate : moins de 15 minutes
Couverture départementale stable
Interopérabilité avec les logiciels de traitement de l’alerte, SIG et cartographie
Sécurité des communications (chiffrement, confidentialité)
Autonomie énergétique des relais et terminaux
Fiabilité des opérateurs : disponibles, identifiés, formés et encadrés
Un réseau de secours ne s’improvise pas. Il se planifie, se teste, et s’engage contractuellement.
3. ADRASEC : des failles juridiques, techniques et humaines
3.1. Une interdiction légale formelle
Les ADRASEC, opérant en tant que radioamateurs, sont soumis au Code des postes et communications électroniques (CPCE), à l’arrêté du 21 septembre 2000 et au Règlement des radiocommunications de l’UIT.
Il leur est expressément interdit de transmettre des messages à caractère professionnel ou opérationnel.
Transmettre un ordre de mission, un bilan de victime, ou toute donnée sensible via ces réseaux est illégal.
Un SDIS qui utiliserait les ADRASEC comme filet de secours s’exposerait :
à des sanctions administratives, voire pénales, en cas d’usage illégal de fréquence,
à une mise en cause juridique en cas d’interception ou de fuite d’informations sensibles,
à un désaveu institutionnel s’il s’avère qu’aucune convention officielle ne liait les parties.
3.2. Une structure non opérationnelle
Pas d’astreinte
Pas de présence contractuelle
Pas d’engagement de moyens
Pas d’accès sécurisé aux infrastructures critiques
Il est donc impossible de garantir la disponibilité effective d’un opérateur ADRASEC quand la situation l’exige.
3.3. Des équipements personnels et hétérogènes
Les matériels sont souvent anciens, personnels, et non interopérables avec les infrastructures SDIS. Il n’existe aucune normalisation entre les terminaux radio, les logiciels utilisés, ni de système centralisé de gestion.
3.4. Une couverture incertaine
Pas de réseau permanent, pas de relais prépositionnés. L’ADRASEC ne dispose pas d’un maillage départemental comme peut l’exiger un réseau palliatif prévu pour des opérations critiques.
3.5. Hors de la chaîne de commandement
Les radioamateurs ne sont ni reconnus dans la chaîne de commandement, ni habilités à échanger avec les CODIS/CTA dans un cadre opérationnel. Cela crée un vide juridique et organisationnel majeur en cas d’activation.
4. Un mirage qui expose à de lourdes responsabilités
Faire croire à la résilience d’un SDIS via les ADRASEC, c’est entretenir un mirage dangereux :
Illusion de continuité de commandement
Transmissions illégales sur bandes amateurs
Responsabilité engagée en cas de dysfonctionnement ou d’absence de service
En cas d’incident ou d’accident, les chaînes de responsabilité seraient activées : directeur départemental, président du CASDIS, voire autorité préfectorale. Et l’usage d’un canal non autorisé ou d’un réseau bénévole hors cadre légal ne serait pas couvert juridiquement.
5. ADRASEC : repositionner le rôle, sans ambiguïté
Les ADRASEC peuvent continuer à servir, mais uniquement dans des missions périphériques :
Observation en zones blanches
Recherche de sources d’interférence
Appui technique ponctuel, en soutien préfectoral
Mais elles ne peuvent ni porter, ni incarner un réseau palliatif pour un SDIS.
6. Ce qu’il faut construire à la place : une vraie doctrine de résilience
Une stratégie nationale claire est indispensable :
Création de réseaux supplétifs dédiés, sécurisés, contractuels
Intégration possible d’acteurs associatifs formés et encadrés
Clarification du rôle des ADRASEC dans les plans ORSEC
Interdiction formelle d’utiliser les bandes amateurs pour des transmissions de secours
Le temps de l’ambiguïté doit cesser. Les SDIS ne peuvent s’appuyer sur des structures sans statut opérationnel, sans cadre légal adapté, et sans garanties d’engagement. L’ADRASEC est respectable, mais elle ne répond en rien aux exigences d’un réseau de secours pour la sécurité civile.
Laisser croire le contraire, c’est prendre un risque juridique, technique et humain. C’est créer une illusion de sécurité là où seule une solution structurée peut répondre |
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