Forum Pompier : le forum dédié au métier de sapeur-pompier

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Posté le: 18 Oct 2007, 22:19

Donc tu penses que ce que tu vis en garde "ne regarde que toi" et tu n'en dis rien a tes proches?

Tu n'es pas fier de raconter ton feu a ta femme en rentrant?

Moi je parle souvent de tout ca a ma copine (je suis spv et ne décale pas tous les jours non plus,dans mon CPI a 2-300 inters par an...).Je suis content de lui raconter,tout en gardant une certaine discretion et un certain tact,le feu d'usine de l'année que j'ai fait,ou ce genre de choses...

Est ce mal?

Peut etre que je le fais car je n'ai que 19 ans et suis plein de fougue et ait soif d'intervention et d'action?

Petite remise en question sur le coup... smile_transpire

Posté le: 18 Oct 2007, 22:42

Ben oui,

je ne le pense pas, je vis comme ça.

N'oublie pas quelque chose : tu dois toujours mesurer l'environnement de ton interlocuteur. Ta famille et tes proches ne vivent pas ton quotidien. N'oublie pas que tes amis ou ta famille n'ont peut être jamais vu un homme mort et encore moins un enfant pas revenu d'un MCE. C'est ton quotidien.
Attention à ce que tu fais et surtout à ce que tu dis, car si cela peut avoir comme effet immédiat de te mettre en valeur, n'oublie pas que tu peux créer l'angoisse, la peur et les soucis autour de toi. Bref, tout ce qui faut pour foutre le bordel dans ton univers personnel !

Enfin, t'as 19 ans et t'es SPV. Si t'en fais ton métier et que tu sers pendant 12 ans dans un CS à généralement plus 40 départs / jours, tu comprendras vite.
La vantardise, la mythomanie et l'égocentrisme sont des fléaux dans notre profession.
Discretion, humilité et altruisme sont les valeurs qui nous permettent de durer. En règle générale, elle mènent au comportement que j'évoquai dans ma réponse précédente,

a+

Posté le: 18 Oct 2007, 22:50

basagaisteguy a écrit:

Ben oui,
je ne le pense pas, je vis comme ça.
N'oublie pas quelque chose : tu dois toujours mesurer l'environnement de ton interlocuteur. Ta famille et tes proches ne vivent pas ton quotidien. N'oublie pas que tes amis ou ta famille n'ont peut être jamais vu un homme mort et encore moins un enfant pas revenu d'un MCE. C'est ton quotidien.
Attention à ce que tu fais et surtout à ce que tu dis, car si cela peut avoir comme effet immédiat de te mettre en valeur, n'oublie pas que tu peux créer l'angoisse, la peur et les soucis autour de toi. Bref, tout ce qui faut pour foutre le bordel dans ton univers personnel !
Enfin, t'as 19 ans et t'es SPV. Si t'en fais ton métier et que tu sers pendant 12 ans dans un CS à généralement plus 40 départs / jours, tu comprendras vite.
La vantardise, la mythomanie et l'égocentrisme sont des fléaux dans notre profession.
Discretion, humilité et altruisme sont les valeurs qui nous permettent de durer. En règle générale, elle mènent au comportement que j'évoquai dans ma réponse précédente,
a+

J'espère en effet avoir le concours d'ici 1 ou 2 ans et avoir accès a un gros cs.
Tu parles de vantardise,de mythomanie et d'égocentrisme mais c'est pas du tout ce que je fait/dit quand je dit que je parle a ma copine de mes inters attention ! (jspr que tu l'avais compris et parlait de maniere générale ^^)J'ai été JSP pendant 5 ans et j'ai appris des valeurs qui me sont chére et que je garderai toujours ! (Altruisme,efficience,discrétion,entre autre...)
Je lui dit juste que j'étais content d'avoir éteint ce feu,fier meme,ou d'avoir pu aider cette vieille dame a ce relever ou encore d'avoir été utile sur telle ou telle inter...mais ca s'arrete la.Je ne vois pas l'intéret delui mentir ou me vanter.et je n'en n'ai pas non plus l'intention.
Je me posais donc la question de savoir si le simple fait de lui raconter mes qq inters "sympa" était mal par rapport a la vie familiale.
;)

Posté le: 19 Oct 2007, 06:45

Je ne pense pas que cela t'étais destiné en personne pinponmomo Wink

Ce sont des travers plus généraux...

En tout cas j'aime bien le point de vue de basagaisteguy smile_top

Des fois je raconte cependant un peu à mon amie... quand c'est rien : "tiens, j'ai fait un footeux", "tiens, on a relevé une mamie".

Pourquoi?
En tant que SPV, je pense qu'il faut quand même qu'elle sache un peu ce qui se cache derrière ce vilain bip qui leur arrache en un coup de vent leur compagnon, qui soudain les oublie, parait complètement absorbé par ce **** de pantalon qui ne s'enfile pas, ce portail à ouvrir et ce vrombissement de moteur...

Au-delà, pour avoir connu la garde postée dans une grosse boutique pendant des années, c'est clair, on ne raconte pas tout...
Peut-être aussi par lassitude du quotidien? je ne sais pas.

Avec le recul, j'étais aussi un peu tombé dans le travers inverse : pour rassurer famille, amie et potes, je ne racontais que les inters gentillettes, pour faire semblant de raconter un peu ce qu'on faisait, en occultant tout les cas sérieux et/ou situations à risques.

Au final, certains en étaient venus à ne plus percevoir les risque qu'on prenait.
Donc j'ai depuis quasi-fermé les vannes, et tout le monde s'en porte aussi bien...

Alex

Posté le: 19 Oct 2007, 06:53

et la sempiternelle reflexion : "et t'es parti pour ça ?" d'un air dédaigneux, comme si à l'avance on savait qu'on ferait une tortue ou de la viande saoule smile_aie

Posté le: 19 Oct 2007, 10:07

Je suis d'accord avec le fait qu'il ne faut pas trop s'étaler dans les détails sur ce que l'on fait pendant les inters, cependant, je pense que, surtout en tant que SPV il est important d'en parler avec son conjoint pour qu'il comprenne mieux, comme l'a dit Brembo, ce qui se cache derrière ce bip, ce qui fait qu'on est capable de partir en courant comme un dératé pour arriver en premier à la caserne, ce qui motive ces dimanches de garde qu'on passe à la caserne plutôt qu'en famille. Et oui, pour nous c'est une passion, mais pour notre conjoint, c'est un passe temps qui le bloque à la maison quand on est de garde, qui lui enlève la personne quil aime en plein repas de famille,.....

Alors, si il faut rester succint, il est tout de même nécessaire, à mon sens, d'expliquer un peu le pourquoi et le comment de notre profession.

Enfin, je dirai en réaction à ce qui a été dit qu'on est pas des surhommes et qu'entretenir l'image du gars invincible, indestructible, ne joue pas en notre faveur. Pourquoi, à votre avis, on nous reproche la mort de personnes dans un incendie : les pompiers sont arrivés trop tard, ne sont pas rentrés dans la maison en feu (bah oui, comme dans Backdraft, je rentre, et je ressort avec un gosse, c'est pas beautiful???Et ça au mépris des flammes qui lèchent mon cuir.).... Comment ça le feu ça brule ??? Bah oui, mais eux, ils sont équipés et formés pour sauver des vies, c'est tout.

Bon, je tombe un peu dans l'extrême, ok mais cessons de se faire passer pour des surhommes car c'est faux et ça ne sert à rien d'entretenir le mythe?

Après, certains diront que c'est normal que je réagisse comme cela, après tout, je ne suis qu'une femme (si si, je sais que certains le penseront). Et alors??? Je suis pompier avant tout. Et même si je ne suis pas pro, que je n'ai pas 16 ans de bottes, j'ai déjà vu pas mal de choses, parfois pas facile à gérer, et je sais que malgré tout, ça rejaissait sur moi, dans mon comportement au quotidien, le temps que je passe là dessus, et que dans ces cas là, on est bien obligé de dire pourquoi ça va pas, pourquoi on est préoccupé, sans vouloir se mettre en valeur ou se vanter.

Enfin, je pense qu'effectivement, quand on est pro, la barrière est peut être plus facile à mettre car on "bouffe" plus d'inter et qu'on arrive surement mieux à passer par dessus. De même que l'encadrement est peut être plus sensibiliser au débriefing, car nous, nous n'en faisons pas forcément un après inter difficile. de plus, ça reste un boulot. le conjoint n'est donc pas impacté de la même manière que quand l'activité de sp vient se rajouter au boulot. Donc plus facile de ne pas lui en parler.

Posté le: 19 Oct 2007, 10:15

Tu dis tomber dans l'extreme mais tant que sans dans le fond...Je connais plusieurs personnes qui me demandent souvent si j'ai sauvé un enfant cette semaine dans une maison en feu etc... smile_aie

(déja je suis spv,ensuite dans une commune de 2000 habitants majoritairement agés,et pour finir dans un cs a 300 inters/an...et moi c'est plus fdf (et encore cette année,on en a fait 2...oui j'ai bien dit 2...) ou téléalarme...) Ou bien quand ils voient des ratés a la TV,ils viennent me dire "ouais c'est pas normal t'as vu le camion il a mis 10 minutes a arriver" etc etc...

Donc les pompiers sont jamais la quand il faut,sauf que quand ils arrivent a temps,ce sont des héros !

Pour finir,et encore une fois dans la lignée ce qui a été dit,je pense qu'il est bon d'en parler a ses proches,sans s'étaler non plus...qu'il y a des bonnes inters,et des mauvaises,des risquées et des moins risquées etc mais que ca reste une passion,que nous sommes bien formés pour tout ca (sans etre a l'abris d'un accident ,mais ca,moi,je leur dit pas...ils le savent,pas la peine de rumer le couteau dans la plaie)

Voila ;)

Posté le: 19 Oct 2007, 10:17

Salut.

Pinponmomo a écrit:

...déja je suis spv...

Qu'est-ce que tu entends par ça ?

Posté le: 19 Oct 2007, 10:20

Proton a écrit:

Salut.

Pinponmomo a écrit:

...déja je suis spv...

Qu'est-ce que tu entends par ça ?

Quand les Landes avec les centres SPP/SPV et en période de réversion (comme dans mon cpi,cad pros de mars a octobre de 9h30 a 19h30,et spv nuits de mars a octobre et jour et nuit octobre a mars) ce sont les pros qui partent en premier départ,et apres les volontaires couvrent le reste (ou partent en premier départ quand il faut plus de personnel)

Posté le: 19 Oct 2007, 10:22

Ah ok, je connaissait pas ce système de "roulement" ....

Bizzare quand même.

Et les pros qui faisaient l'été, ils vont où l'hiver ? ils hibernent ? Big_sourire

Posté le: 19 Oct 2007, 10:29

Proton a écrit:

Ah ok, je connaissait pas ce système de "roulement" ....

Bizzare quand même.

Et les pros qui faisaient l'été, ils vont où l'hiver ? ils hibernent ? Big_sourire

C'est particulier aux Landes je pense,a cause de l'ancien statut "pompier forestier" qui n'existe plus mais est resté "dans l'ame" du département...

Les pros sont la l'été uniquement pour assurer un départ unité dans la minute...voila pourquoi ils ne sont pas la la nuit et l'hiver (jour et nuit)...
C'est habérant de se dire que le sdis mise son organisation sur la foret et qu'une personne en détresse aura droit a un vsav départ minute en journée l'été et dans les 7 minutes (le temp moyen aux spv de ma caserne d'arriver,se changer,et partir) la nuit en été ou l'hiver (jour et nuit donc)...

En fait mon cpi forme un pole avec un cs et dans ce cs il y a des pros la journée et la nuit en été,et juste un sous-off de nuit en garde+les pros en journée l'hiver...

Voila.. smile_aie

Posté le: 19 Oct 2007, 10:30

Bonjour à tous ,

Pas encore formé je réfléchis a la question de raconter ou pas les inters et je pense qu’il s’agit surtout de l’interlocuteur. Je pense aujourd’hui que ma femme n’en saura pas trop sur les inter choquantes ou risqué mais ca mon père je pourrais peut être lui en parler.
Je pense surtout que c’est un discours à adapter à la personne et surtout pas une règle générale je raconte je raconte pas. De l’adaptation quoi !!

Posté le: 20 Oct 2007, 09:05

brembored a écrit:

Je ne pense pas que cela t'étais destiné en personne pinponmomo Wink

Ce sont des travers plus généraux...
Alex

Exact.
Je confirme que je ne visais absolument personne.

a+

Posté le: 20 Oct 2007, 09:45

Bonjour

J’ai trouvé ce sujet très intéressant et étant donné qu'il me concerne aussi, je vais en parler.

Voila mon copain est pompier de paris et donc les allez et retour sa nous connait (je l'emmène à la gare) et pour tout vous dire j'ai horreur de ce moment de le déposer à la gare en me disant que c'est peut être la dernière fois...

C’est souvent sur la route, au retour que les larmes ne cesse de couler. je pense, je ressasse : rien ne peut m'enlever de la tête les différents scénarios dramatiques que mon cerveau lui même c'est inventé.
"Je reçoit un coup de file, le coup de file ultime", "je le voit percuté par une voiture""brûler dans une maison"
ce n'est que quand j'arrive chez moi que mes larmes sèches le plus souvent....il y a du monde qui m'attend.

Quelques fois c'est pire, en pleine journée quand je suis seule il m'arrive de pleurer en pensant à la mort, je pleure de souffrance c'est une peur encrée, qui s'installe au plus profond de moi:la peur de ne jamais le revoir, de ne pas avoir eu le temps de fonder une famille avec l'homme que j'aime...

Moi mon problème c'est peut être que quand il n'est pas là, je ne "vit" plus. C’est un manque que je n'arrive pas a combler.
Pour vous dire je construit ma vie au rythme de ses gardes: il est de garde ce week je sort, il n'y est pas : je profite de lui tant qu'il est là...
Et c'est comme sa depuis déjà deux ans...
J’essaye de ne pas construire ma vie sur la sienne mais c'est impossible : je souhaite profiter de chaque secondes passées à ses coter .La peur de ce qui pourrait arriver?...je ne sais pas.

En tout cas malgré toutes les craintes et les angoisses, je suis sure d'une chose : je suis fière de lui et de ce qu'il fait et pour rien au monde je souhaiterais qu'il change de vie...

MERCI sa fait du bien de discuter de ce sujet

lisa

Posté le: 20 Oct 2007, 11:02

lisa18 a écrit:

Bonjour

J’ai trouvé ce sujet très intéressant et étant donné qu'il me concerne aussi, je vais en parler.

Voila mon copain est pompier de paris et donc les allez et retour sa nous connait (je l'emmène à la gare) et pour tout vous dire j'ai horreur de ce moment de le déposer à la gare en me disant que c'est peut être la dernière fois...

C’est souvent sur la route, au retour que les larmes ne cesse de couler. je pense, je ressasse : rien ne peut m'enlever de la tête les différents scénarios dramatiques que mon cerveau lui même c'est inventé.
"Je reçoit un coup de file, le coup de file ultime", "je le voit percuté par une voiture""brûler dans une maison"
ce n'est que quand j'arrive chez moi que mes larmes sèches le plus souvent....il y a du monde qui m'attend.

Quelques fois c'est pire, en pleine journée quand je suis seule il m'arrive de pleurer en pensant à la mort, je pleure de souffrance c'est une peur encrée, qui s'installe au plus profond de moi:la peur de ne jamais le revoir, de ne pas avoir eu le temps de fonder une famille avec l'homme que j'aime...

Moi mon problème c'est peut être que quand il n'est pas là, je ne "vit" plus. C’est un manque que je n'arrive pas a combler.
Pour vous dire je construit ma vie au rythme de ses gardes: il est de garde ce week je sort, il n'y est pas : je profite de lui tant qu'il est là...
Et c'est comme sa depuis déjà deux ans...
J’essaye de ne pas construire ma vie sur la sienne mais c'est impossible : je souhaite profiter de chaque secondes passées à ses coter .La peur de ce qui pourrait arriver?...je ne sais pas.

En tout cas malgré toutes les craintes et les angoisses, je suis sure d'une chose : je suis fière de lui et de ce qu'il fait et pour rien au monde je souhaiterais qu'il change de vie...

MERCI sa fait du bien de discuter de ce sujet

lisa

Oui, c'est compréhensible d'avoir peur, mais attention à ce que cela ne soit pas démesuré non plus. Le métier de pompier est dangereux certes, mais les accidents mortels restent rares.
Il ne faut pas psychoter non plus en ce disant, c'est peut être la dernière fois que je le vois comme s'il partait au front en 39 45.
Même si je comprend la crainte tout à fait!