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Artix (64) : les pompiers de Paris partent


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dom49bspp
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MessagePosté le: 12 Fév 2011, 21:09 Répondre en citant Revenir en haut de page

Ils étaient 49 soldats du feu il y a encore deux ans. Ils ne sont plus que 38. Et à la fin juin, ce qu'il reste du détachement d'Artix des sapeurs-pompiers de Paris reprendra définitivement le chemin de la capitale. C'est cinquante ans d'une histoire intime, entre le Béarn et la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris qui s'achève, sans tapage ni piquet de grève.

Ce départ prochain, il habite les esprits depuis des années, en Béarn. Au point, peut-être, qu'on n'y croyait plus. La décision de rapatrier les effectifs à Paris, qui revient au général Prieur, s'appuie pourtant sur une évidence : en un demi-siècle, le Béarn a changé.

L'appel aux morts et la planche

Les traditions perdurent Les pompiers de Paris ont conservé des traditions qui perdurent, y compris à Artix. Le lundi, à 10 h 15, c'est notamment « l'appel aux morts ». Après la levée des couleurs tricolores, devant un auditoire au garde-à-vous, un gradé lit à haute voie les noms d'une trentaine de pompiers de Paris décédés en mission au fil de l'Histoire. Une minute de silence et de recueillement achève cette cérémonie du souvenir. Puis c'est l'heure de la planche. Une autre tradition, qui se vit au quotidien, celle-là. Tous les matins, après l'inspection du matériel et 1 h 30 de sport, il faut se hisser à la seule force des bras sur une planche située à 2,4 m de haut. Avec casque, ceinturon et tenue de feu. Un test de condition physique qu'il faut réussir pour partir en intervention. Les femmes - il y en a deux à Artix depuis deux ans - ne sont pas obligées de monter les épaules. Mais doivent rester accrochées 30 secondes. L'exercice est obligatoire. Mais, dans les faits, il n'est pas toujours éliminatoire. « On peut, par exemple, avoir fait beaucoup de musculation juste avant et avoir besoin de récupérer un peu », explique le capitaine Prud'homme. Le reste de la journée de travail est consacré aux exercices, à la formation, au travail dans les services, à la préparation des repas et à l'entretien de la caserne. Logés à la caserne ou en face, dans des appartements de l'Office HLM 64, les militaires n'ont pas de civils à leurs petits soins. Ils doivent donc tout assumer eux-mêmes.

Le détachement d'Artix est officiellement créé le 8 septembre 1961. On est alors deux ans après un premier incident grave sur le bassin de Lacq, une intoxication collective, lié au démarrage de l'exploitation du gisement de Lacq par la Société nationale des pétroles d'Aquitaine.

Chimie et radioactivité

Pour protéger les populations de ces risques industriels inédits, il faut des spécialistes. Le ministère de la Défense décide donc d'ajouter un détachement à la Brigade des sapeurs-pompiers de Paris, une vielle institution du secours rattachée à l'armée de Terre. Les militaires s'installent à Artix, qui n'est encore qu'un petit village noyé dans une ruralité peu consciente de la révolution économique en marche. Des « anges gardiens » qui sont dès lors chargés de veiller, nuit et jour, sur la sécurité d'un périmètre de 18 communes (12 000 habitants) et 130 km2 qui se confirme vite à risques.

Avec, pour atout, d'être des as de la lutte contre la menace chimique et radioactive. Un savoir-faire qui demeure intact. Bon nombre de collèges des casernes de Paris, ou des détachements de Biscarrosse (centre d'essais de missiles) et de Kourou (activité spatiale), viennent encore se former dans l'enceinte de la caserne d'Artix. Mais, avec l'industrialisation du bassin, les compétences spécifiques se sont propagées aux casernes civiles. Et le groupe Total, qui absorbe Elf Aquitaine en 2000, finit par se doter de ses propres pompiers privés. Moins essentielle sur la plateforme, la caserne d'Artix devient dès lors un centre de secours presque ordinaire, intégré au réseau - civil - du Service départemental d'incendie et de secours (Sdis). Les effectifs restent sous tutelle de l'armée de Terre et, donc, du préfet. Mais les locaux, les véhicules d'intervention et l'ensemble des moyens matériels sont, eux, à la charge du Sdis. Pour un nombre d'interventions devenu minime.

« Une caserne parisienne peut faire jusqu'à 30 interventions par jour, explique le capitaine Prud'homme qui commande à Artix, nous, nous en faisons 600 par an, soit à peu près deux par jour. » À titre de comparaison, la caserne de Mourenx en fait près du double.

Les militaires compensent par des journées très actives (lire plus haut) qui perpétuent les traditions. Une vie de caserne atypique que découvrait voilà quelques jours Alexandre, 19 ans, stagiaire du lycée de Mourenx. « Je me forme aux métiers de la sécurité. Je suis passé par Pau. Mais je voudrais devenir pompier de Paris ou marin-pompier de Marseille. Ce sont des corps prestigieux et de bonnes écoles pour se perfectionner dans son métier. » Le jeune Bayonnais fait partie des ultimes stagiaires à qui les professionnels d'Artix vont prodiguer de précieux conseils, avant de faire leurs valises. « La moyenne d'âge est de 30 ans », indique le capitaine Prud'homme. Alors « les deux tiers de l'effectif vont poursuivre leur carrière ailleurs ».

La relève civile en marche

La relève civile s'y prépare. Le centre de secours de Mourenx va reprendre l'essentiel du territoire. L'effectif doit augmenter en proportion et atteindre 35 pompiers. « Nous venons de réaliser dix premiers recrutements et d'autres suivront », indique Josy Poueyto. Le volant des volontaires doit passer à une cinquantaine. Pour loger tout le monde et se recentrer sur ce nouveau territoire, le Sdis va déménager la caserne de Mourenx à Os-Marsillon. Mais que les populations concernées se rassurent, « on ne perdra pas en efficacité », assure Josy Poueyto.

La caserne d'Artix doit pour sa part entamer une seconde vie. Les 1 200 m2 bâtis, bien que vieillis, sont en bon état. Le Sdis compte y créer un Groupement des moyens généraux susceptible de regrouper une partie de sa logistique, aujourd'hui un peu dispersée. Artix va conserver des pompiers, mais plus les mêmes. Une page se tourne.

général joël prieur Commandant de la Brigade des sapeurs pompiers de Paris, à Paris 1 Pourquoi tirer un trait sur le détachement d'Artix ? Il n'y avait pas d'alternative ?

Parce que la raison de notre présence sur ce site des Pyrénées-Atlantiques est appelée à disparaître avec la fermeture programmée du gisement de gaz de Lacq-Artix. En parfait accord et en étroite collaboration avec le Conseil général et le Sdis 64, nous avons engagé, en 2009, le retrait progressif de l'unité élémentaire spécialiée (UES) de Lacq-Artix qui s'achèvera cet été.

Si l'UES disparaît, les étroites relations tissées avec la population perdureront, car de nombreux pompiers de Paris ont fait souche ou ont des amis dans le Béarn.

2 Le statut militaire de votre brigade, au niveau national, est-il encore justifié ?

Voulu par Napoléon en 1811, le statut militaire du bataillon de sapeurs-pompiers de Paris répond à une logique parisienne. La BSPP est intégrée à la préfecture de police de Paris depuis sa création. Ce statut atypique conserve aujourd'hui toute sa pertinence pour la protection de la ville capitale. Il nous permet toujours de faire face à une intense activité opérationnelle. Il est probable aussi qu'il soit à l'origine du haut niveau de technicité qui fait notre réputation. C'est bien ce facteur qui avait motivé, il y a cinquante ans, la décision de l'État d'envoyer en Béarn des sapeurs-pompiers de Paris.

Cependant, et depuis la départementalisation des services d'incendie et de secours, dans les années 1990, les pompiers du 64 ont atteint un niveau de compétence et d'équipement qui ne justifie plus que soient maintenus des militaires pour la protection du site gazier et de ses environs.

3 Le détachement d'Artix-Lacq est-il le seul à devoir disparaître ?

Il existe certes d'autres détachements en province. Les sapeurs-pompiers de Paris sont présents à Biscarrosse, au centre d'essais de la Délégation générale pour l'armement, où sont testés les vecteurs des armes nucléaires françaises. Nos militaires sont également en Guyane, à Kourou, pour assurer la sécurité du Centre spatial guyanais, d'intérêt vital pour la France et l'Union européenne. On comprend bien que les enjeux qui président à l'affectation de militaires sur ces deux sites dépassent le cadre territorial d'un Sdis et sortent du droit commun. Il est donc logique que la protection de ces sites stratégiques exige le recours au statut militaire.

« Je suis arrivé à Artix en 1964. J'avais 20 ans »

« Je suis arrivé à Artix en 1964, pour intégrer le détachement des pompiers de Paris. J'avais 20 ans, et j'étais originaire du Languedoc. J'y suis resté jusqu'en 1977. Et je ne suis jamais reparti du Béarn ! » Michel Moulines est aujourd'hui l'adjoint au sport du maire d'Artix. Mais également le président d'une Amicale des anciens pompiers de Paris qui compte 75 adhérents dans la région.

« Quand on a été pompier de Paris, il en reste quelque chose. L'esprit de corps perdure. Beaucoup de pompiers se sont installés dans la région, à Artix et autour. Ils ont des enfants, se sont intégrés à la vie locale. Alors on échange les souvenirs, on cause de la caserne. Mais en ce moment, ce n'est pas vraiment la joie. »

La perspective du départ, devenu très proche, mine les esprits. « Ça fait mal au cœur, oui. Parce que les gens d'ici sont attachés à leurs pompiers. Ils sont là depuis longtemps. Ils participent au défilé du 14-Juillet, au Téléthon… On peut compter sur eux. Je crois que les gens d'Artix ne réalisent pas encore que, bientôt, ils ne seront plus là. Personnellement, j'espérais qu'ils resteraient jusqu'à la fermeture du gisement de Lacq, en 2013. Enfin bon, c'est comme ça. »

Les « rois du pétrole »

Il restera les souvenirs. « Quand vous êtes pompier de Paris, vous êtes le roi du pétrole ! À Paris comme à Artix ! J'ai vécu ça. On bénéficiait d'un certain prestige, qui demeure, d'ailleurs. » Un prestige qui peut s'expliquer, en province, par la mention… « de Paris ». Mais surtout par un certain niveau de compétence que les Béarnais ont pu vérifier.

C'était « peu avant mon arrivée, en février 1964. À l'époque, il y avait des puits partout sur le bassin ! Et une sonde avait explosé, sur l'un d'entre eux, à Audejos. Le gaz qui s'échappait était très corrosif pour la population. Il avait fallu évacuer tous les paysans du coin ! » Un incident grave, mais rarissime, resté dans les mémoires. Et qui fait partie des moments forts de l'histoire des pompiers de Paris à Artix. Une histoire qui s'achève.

A. B.

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MessagePosté le: 13 Fév 2011, 11:03 Répondre en citant Revenir en haut de page

Bel article, qui explique le pourquoi du comment de l'UES. Instructif... smile_top

@+ Sap'Lal
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